L'EGLISE

 

         Le beffroi de notre clocher, reconstruit au début du XVII° siècle, ainsi qu'en fait foi une pierre gravée surmontant le grand portail et portant ces mots : "Cette tour a été bâtie aux dépens de la Communauté en 1658", a toujours abrité des cloches.

         Ainsi, voici de que transcrivait en 1782 Remy Raillet, syndic de la communauté de Ludes :

(ce texte, écrit en français approximatif, est transcris ici intégralement).

 

         "Comme nous avions la petitte cloche de cassée, la communauté ce représenté a leur Sindic qu'il estoit nécessaire de la faire refondre et dans faire une grosse. Ledit Sindic a fait assembler les habitans à la manière ordinaire et on dressé conclusions et signé des habitants pour hotorisé le dit sindic a faire marché avec des fondeurs pour refondre la susditte cloche dont il est questions que deus fondeure de Challons nommé François Lecuyer et Coulon consore. Etam parvenut et prevenu oui arrivé à Lude pour faire marché. Moi Sindic ausitos leur arrivée a fait assembler les habitans pour savoir et entendre les conclusions du marché, pour savoir la demande du prix du dit fondeure.

         Tous considéré les habitans et les fondeure on été d'acore pour le marché et ons a convenu avec eux pour leur façons quatre cent cinquante livres et pour la maitte qu'il livrerons trents sols la livre. Le marché a étée pasée écrit double à notre chambre de conseille en présence des habitans qui ons signé avec nous ; paisé le deux juin mil sept cent quatre vingt deux. Donc la ditte cloche a étée refondue a Lude avec une de Villenselve dans le chateaux proche de la alle dons il a étée questions d'avoir un parain et une Marainne, on a jugé a propos que cela apartenait à Madame la Maréchalle Destré comme première seigneur de Lude il a étée ordonné de lui présentée un placet ainsi comme voilà, qu'il a étée écrit et dictée par Mr Aubertain vicaire a Lude comme ainsi des nouvelles que Madame prendroit un parain et on a dit.

 

                                      Monsieur

         Nous somme très sensible à la cérémony qui nous rassemble aujourdhuÿ mais ce qui augmente notre joÿ et notre reconnaissance des devoir que notre illustre dame a bien voulue nous donner en cette rencontre une nouvelle preuve de l'attachement qu'elle aujourd'huÿ a pour ses vassaux et qui la catarise si bien, daigné lui faire des nos sentimens de fidélitée et de respecs et prié la destré persuadée que notre plus belle occupations son de faire toute notre vie des veux pour la conservations de ce jours. Madame aimé accepté la place a envoié les noms en qualité du parain ainsy comme en voilà le détaille a eu pour parain Mésire pierre Claude Charle Brulard, chevallié Marquis de Jeanlisse Encien collonelle aux Grenadié de france et a pour Marainne très haute très puissante dame adelaïde félicitée Brulare Maréchalle duchesse destré, marquise de Sillery. Vicontesse de puisieux, dame de Versenaÿ, Lude et autre lieux, veuve du très haut et très puissan Seigneur Monseigneur Louis Césare duc destré Maréchalle de france chevallié des ordre du Roÿ ministre détat gouverneur de trois évêché premié baron du polonois. Comme estan cy ecrit sur la ditte cloche.

 

                   La cloche a étée fondut et on a allumé le feux, les honse Juillet a onse heure du soir par Paul Raillet mon Fils âgée de onse ans onse mois. La mette a coullé le traise a six heure du matin présens nous principaux et habitan elle paisse actuellemen deux mille quarante cinq livres. Les fondeurs on livré traise cent onse livres de mette à trente sols la livre qui monte la somme de dix neuf cent soixante six livre dix sols et quatre cen cinquante livre pour leur façons qui fait les deux somme ensemble deux mil quatre cen saise livres dix sols dons suivant nos marché. Le premier paiement échue à Noëlle dernié de mille livres, le second est de quatorse cen saise livres dix sols qui échoiera à Noëlle prochain de l'anné mil sept cen quatre vingt trois.

 

                   Donc, alors Mr Mitoux et sa femme intendans de Madame la Maréchalle on étée parain comme représentans la ditte dame. Le complimen ci desu énoncé a été lue par moi sindic et en même tempt on leur a présenté un bouquet au nom de la ditte dame et a eux chacun un bouquet flerisse qui on étée présenté par moi sindic au devan de la porte de lantré du collidore de Monsieur Millet a compagnié d'un fifre un tambour et trente cind à quarante hommes sur les armes, au présentan les bouquet on a fait une décharge et en suitte on a parti en cérémonÿ à l'éclise pour conduire le dit représentan pour la bénédiction de la cloche avec plusieur décharge qui on étée faite. Elle a étée suspendue (la cloche) dans la halle proche le crucifis à la hauteure de trois pieds du pavé a étée bény par Mr Aubertin, Vicaire de Lude, étant finÿ on a reconduie le surdit représentan en cérémonÿ a sa destina qui étoit ché Mr Millet.

 

                   Mes dame des france on arrivée à louvois le vingt sept aôut dernié tout la communauté la ou il son seigneur on étée faire leur homages au chateau des meditte dame à louvois par devan eux la communauté de Lude i a étée le quatre septembre en grande céremonÿ toute la communauté a étée commandée par ordre Mr Claude Millet procureur fiscal avec tambour fifre, et viaullons pour se maitre sur les arme nous sommes parti sur le quatre heure après midÿ de Lude pour se rende audit chataux de mes dame. La conduite a étée faite par Paul Beusar encien soldat au régimen de Champagne. Dressé sur deux ligne d'homme que garçons sur les armes, douse fille choisÿ dans la moitié de deux ligne donc quatre fille à la tête portan les bouquets Moy sindic à la suitte des douse fille entre les deux ligne portan les drapaux de la ville de Reims qui m'avait étée confié par Mr le lieutenan de la ville de Reims don deux tambour deux fifre deux viollons à la tête de notre troupe. Etan arrivée audit chataux parvenu au devan de la grande porte du collidore dudit chataux La reine de france ayan paru aux lieux et place de mes dame de france a relus le complimen de Mr notre Abbé en suitte on lui a présenté les deux bouquet qu'elle a reçus elle même. Les bouquet on étée présentée par quatre fille nommé Marianne Millet, Jeanne Portevin, Marijeanne Raillet, Marguerite Beusar. Donc la reine de france leur a fait présen de chacunne une croix d'or a fait présen à la communauté d'une piesse de vin pain et viande qui on étée consommé dans la cour dudit chataux ...

 

 

Dédiée à Saint Jean Baptiste, patron de la paroisse, l'Eglise de Ludes subsiste comme le plus ancien témoin du village et ici témoin signifie bien martyr au sens propre du mot, car la rage des hérétiques, puis des Jacobins iconoclastes, puis des canonniers d'outre-Rhin devait marquer au cours des siècles le pauvre édifice de meurtrissures et de balafres.

         Ses constructeurs la fondèrent du VIème au XIème siècle sur une butte qui, il y a quelques temps, servait de cimetière. Quelques vignes et quelques vergers la séparaient de la forêt qui couvre la montagne au midi.

         Construite en 4 époques différentes, l'Eglise paraît tout d'abord de forme bizarre et irrégulière.

         La partie primitive de l'édifice appartient au roman dans sa plus grande simplicité. On l'a allongé au XVème siècle en greffant sur la construction ancienne. Le bas de la nef pourrait dater d'une époque antérieure au Xème siècle. Le milieu de la nef est du XVème siècle et le transept  du XVIème siècle. Celui-ci y domine. La tour du clocher est couverte en ardoises ainsi que le chœur dont le toit transversal est plus élevé que le reste de l'église. Au nord, 3 toits et pignons se détachent de la toiture première et 2 autres pignons au midi.

         De simples piliers construit en 1633 sur la partie de la nef bâtie au XVème siècle tranchent sur ses murailles dont les matériaux de construction sont des pierres meulières siliceuses et malheureusement aussi quelques "beurges" qui se détruisent et avec elles le bâtiment lui-même. Les ouvertures présentent des pierres plus fortes et taillées.

         Vingt fenêtres sur 22 qui sont percées éclairent les hauteurs de l'église. Elles diffèrent de forme et de grandeur en raison de l'âge de leur construction. Les anciennes sont à peu près aussi hautes que larges. Celles du XVème siècle ont le double d'élévation de leur largeur, et celles du XVIème siècle présentent au moins 3m50 sur 1 mètre à leur base.

         Les fenêtres du mur du levant, sur 5 il y en a 4 de bouchées par le bas : deux sont divisées par chacun un meneau qui s'épanouit par le haut et offre des trilobes et ornement rayonnant. Elles furent autrefois ornées de vitres coloriées, le peu qu'il en reste suffit pour l'assurer. Le chœur à lui seul, est percé de 9 fenêtres ogivales

 

On pourrait croire que le clocher de Ludes soit du XIIème siècle par sa forme et celle de ses baies. Il est toutefois du XVIIème siècle. Cependant, on ne peut douter qu'un autre clocher n'ait été établi primitivement sur la croisée de l'église et que, tombé avec cette partie de l'édifice lors des guerres de religion, on eut remis à d'autre temps le soin de le remplacer par un nouveau. Ce qui fût fait en 1658, ainsi qu'en fait foi une pierre gravée qui surmonte le grand portail et qui porte ces mots : "Cette tour a été bâtie aux dépens de la communauté en 1658".

 

             Ce clocher est de forme carrée et placé au couchant de l'église. Il a 7 mètres de face et 6 de longueur. Sa hauteur totale peut être de 20 mètres dont 14 en maçonnerie et le reste en toiture.

 

             Le haut de la maçonnerie est percé sur chaque face d'une baie au levant, au midi, ainsi qu'à l'ouest, mais au nord, du côté du village, cette baie est géminée. Elles sont toutes divisées par une colonne de la forme de celle du XIIème siècle, avec un chapiteau orné de grosses feuilles non sculptées. Le dessus présente un œil de bœuf orné de moulures. Les baies ont d'ouverture par le haut 2m35 sur 1m35 de large.

 

             Le toit, à quatre gouttes, n'a de faîte qu'un mètre et demi. Sur un petit montant de 0m60 est placé la croix surmontée d'un coq ; un autre montant semblable à celui du couchant se termine par une pomme, celui-ci au levant.

 

             Le beffroi du clocher recevait autrefois 3 cloches. Il en porte encore 3 nouvelles fondues en 1813.

 

 

                La plus grosse, qui pèse 560 kilos, faite par Antoine, ainsi que les autres, a pour légende : "l'an 1813, j'ai été nommée Marie par Monsieur Antoine Charles Louis Coquebert de Montfort maire de Ludes et membre du Collège électoral et par dame Marie Catherine Alaine épouse de Monsieur de Cambray membre du collège électoral".

 

            Sur la moyenne, on note : "L'an 1813 j'ai été nommée Julie par Sieur Nicolas Cliquot Grévin négociant à Reims et propriétaire à Ludes. Elle a de poids 400 kilos".

 

 

             La plus petite est à prétention : "L'an 1813 j'ai été nommée Marie Magdeleine par Monsieur Jacques Thierry Lelarge, orfèvre à Reims et par dame Marie Magdeleine Prévôt, religieuse de l'abbaye ci-devant royale d'Andecy, retraitée à Ludes ; fondue à la générosité des habitants de Ludes à qui j'appartiens. Elle a une voix faible en comparaison de celle de ses compagnes. Elle ne pèse que 265 kilos."

 

 

 

            On accède au portail nord de l'église en gravissant 9 degrés, ce qui mène à l'ancien cimetière dont le sol oppose aux pas une pente sensible. Là gît la pierre tombale d'un curé du lieu datant du XIVème siècle, mais dont la légende est illisible. Montez encore 9 marches, vous atteignez le porche nord, à gauche duquel, dans une niche surélevée et protégée par un auvent, une Vierge Mère assez gothique, aux cheveux pendant, assise sur un siège, et pour qui dût poser quelques vigneronnes, porte l'Enfant Jésus et tient une grappe de raisin à la main. Elle est mutilée et les horreurs de la guerre devaient comme effacer le sourire de ses lèvres.

 

             Il existe à  Ludes, Mailly et Chigny, trois statues de la Vierge à la grappe, que de nombreux traits apparentent et qui doivent dater du XIVème siècle. Ces statues sont d'un seul bloc de pierre.

 

             Entrons par le grand portail et le clocher. On est fort étonné de sa régularité qu'on ne pouvait soupçonner de l'extérieur. Une nef principale couverte d'un plancher plafond s'ouvre devant nous. Elle a 6m40 de largeur et est séparée des bas-côtés par trois pilastres et trois colonnes dans le haut de chaque côté.

 

             Le plafond fait du temps de Monsieur Leuillet (1817), prend près du clocher et se termine au Christ.

 

             Les trois pilastres de chaque côté forment le bas de la nef et précèdent le XIème siècle. Le premier est engagé dans le mur du couchant, le second qui le suit est carré et l'autre est allongé.

 

             Au XVème siècle, on a ajouté deux colonnes de chaque côté au-dessus des pilastres et une autre au XVIème siècle. Les arches de celle-ci vont se reposer sur la plus haute du XVème siècle qui sert de support par le bas de l'église à la voute du XVème et par le haut à celle du XVIème. De la colonne intermédiaire au haut de l'église, tout est vouté, non seulement la nef principale mais aussi les chapelles dont les autels sont sur le même plan que le Maître Autel, et cette voute est de même hauteur, c'est à dire de neuf mètres d'élévation. Le plancher plafonné n'a que 6 mètres de hauteur.

 

             L'église a de longueur à l'intérieur, de l'entrée du clocher à la petite abside, 33 mètres ; de largeur, en bas près de 12 mètres, au milieu 16 mètres et 18m35 dans le chœur.

 

             C'est à peine s'il y a un petit espace derrière le pilastre de l'ancienne église auquel on puisse donner le nom de bas-côté. Un intervalle de 1m80 au midi et de 2m20 au nord, avec un mauvais plancher s'appellera comme on voudra.

 

             Au XVème siècle, on n'a pas voûté la nef principale mais chacun des bas-côtés, du troisième pilastre à la seconde colonne, et cette voûte n'est élevée que de 5m30 de la seconde colonne au mur qui termine l'église.

 

             En juin 1845, le chœur fût consolidé par des barres transversales intérieures et un cercle de fer extérieur qui défigurent l'église.

                        

             Nous avons vu que la partie ancienne de l'église est de style roman. Deux arcades, qui séparent les trois pilastres en plein cintre avec une petite corniche de 7 cm, est tout le seul ornement de cette partie.

 

             Lorsqu'on a au XVème siècle, allongé l'édifice en greffant sur l'ancien, on a rehaussé la corniche du dernier pilastre pour la mettre en accord avec celle de la colonne suivante, l'arcade qui s'y repose est ogivale et sans aucun ornement, tandis que l'arcade de la première à la seconde est en plein cintre, allongé sur la première colonne qui est plus basse que la seconde. De celle-ci à la troisième et au mur du levant, les arcades sont ogivales avec arceaux ronds lorsqu'ils s'allongent directement, et prismatiques s'ils se jettent en ligne diagonale.

 

             Les clefs de voute descendent en pendentifs sculptés. Les voûtes des nefs latérales sont en plein cintre écrasé par la vétusté, leurs arceaux sont les mêmes que ceux du chœur ; ils prennent des colonnes et vont se reposer sur les murs soit sur les culs de lampes, soit sur des colonnettes demies engagées.

 

             Les quatre colonnes du haut sont de la même hauteur au moins jusqu'aux chapiteaux qui sont plus ou moins élevés de 30 à 40 cm sous la corniche, 2m50 de fût avec piédestal orné de 70 cm.

 

             Les deux colonnes du bas ne sont pas tout à fait de même hauteur, l'une à droite en entrant passe pour fort ancienne. Sa base est sans ornement et sa corniche est formée de simples moulures. Son fût est de 2 mètres ainsi que celui de celle qui lui fait pendant et dont la base est plus élevée.

 

             Cinq colonnes avaient leur corniche ornée de guirlande ou de feuilles comme implantées sur le cordon du bas. La plupart des feuilles sont celles de chêne et quelques-unes de vigne, en plus grand relief sur celle du XVème que celles du XVIème siècle. Elles sont entrecoupées de figures humaines belles ou grotesques au nombre de huit, de deux agneaux, de deux oiseaux, d'un chat dont la patte arrête une souris et d'un feston de raisins. Il en existe aussi sur deux petits chapiteaux des colonnettes engagées dans le mur de la chapelle de la Sainte Vierge.

 

 

 Pour placer la Chaire, on a détruit les 2/3 des chapiteaux de la colonne où elle est adaptée.

 

             On a aussi établi deux espèces de chapelles en avant des colonnes du milieu, et sur leur boiserie prend un cercle en bois qui porte le Crucifix qui remplace l'Arc triomphal. Lors de l'établissement de ces chapelles, on n'a pas eu plus de respect des chapiteaux que de la base des diverses colonnes.

 

             Les pierres employées à l'intérieur pour les colonnes, portes et pilastres sont de ces belles pierres sœurs de celles de la cathédrale.

 

             L'église se termine par une petite abside de 2m50 sur une largeur de 4m50. Le grand autel en occupe l'entrée. Derrière l'autel se trouve un petit espace qui servait de sacristie aux sous-chantres et enfants de chœur.

 

             De ce que le grand autel se trouve à l'entrée de l'abside, il s'en suit qu'il n'y a pas de sanctuaire à l'église, et que les trois autels sont sur le même plan. Celui qui est dédié à la Ste Vierge est à gauche et celui de St Nicolas à droite. (depuis autel du Sacré Cœur).

 

             L'autel principal, tout en pierre est d'ordre composite dans toutes ses parties. Trois marches y conduisent. Elles étaient autrefois en pierre, mais depuis 1787, celle de plain-pied est en marbre ainsi que le tombeau de l'autel et son gradin.

 

             Le corps de l'autel, en pied de biche, est en marbre riche, tant par la nature du marbre Ste Anne que par sa forme. L'avant présente au milieu un cœur avec rayons entouré d'un cercle de marbre presque blanc, composé de diverses baguettes retenues par plusieurs ligatures, deux autres ornements presque carrés et de même forme que le cercle l'accompagnent à droite et à gauche. Un pilastre et deux colonnes de chaque côté soutiennent l'architrave. Dans sa prise se trouve un écusson vide qui est surmonté de rinceaux et retient par le bas le bout de 2 cornes d'abondance qui versent beaucoup de fruits sur l'encadrement du tableau central, fort vieux, qui représente le baptême de N.S. Jésus-Christ par St Jean Baptiste.

 

             Sur le haut de l'architrave et sur les colonnes, vous avez à droite une belle statue de St François et une de St Jean Baptiste à gauche.

 

             Au milieu, dans un vide, deux figures d'ange surmontées d'un cul de lampe qui porte une Vierge Mère. Elle est placée entre deux consoles ornées d'anges et de guirlandes de fleurs et terminées par une croix et deux vases.

 

             Cet autel qui a plus de 8 mètres d'élévation est d'une grande beauté, d'autant plus qu'il est d'une forme rarement produite. La table d'autel a 2m45 de développement sur 0m66 de largeur et 0m95 de hauteur. Le derrière de l'autel, fait en belles pierres, en a surtout trois à distinguer : 2 par leurs découpures, et une par 8 belles fleurs de lys d'une pose horizontale. Une des deux autres qui sont absolument semblables a 1m10 de long sur 0m80 de hauteur. Le bas de la pierre est échancré dans le milieu de 0m75 sur 0m20 de haut. Au-dessus sont creusées d'outre en outre 4 autres ouvertures de 0m20 de largeur sur 0m45 de hauteur pour les deux extérieures et 0m40 pour celles du centre. Le milieu présente une sculpture écailleuse et flamboyante endommagée presque partout. Ces ouvertures sur un plan incliné du bas finissent en forme d'ogive.

 

             Lorsqu'en 1787, on plaça l'autel de marbre au lieu d'un autre dont on ornait le devant de la couleur du jour férié, on y mit aussi un tabernacle en marbre qui fût détruit pendant la révolution. Lors de cette période également, les trois statues de la Ste Vierge, de St Jean Baptiste et de St François furent jetées bas de leur place et mutilées.

 

             Ce fût aussi en plaçant l'autel qu'on ajouta aux côtés latéraux, des crédences ornées par le haut d'ornement d'ordre ionique avec guirlandes de feuilles et fruits. Le milieu présentait une table en marbre qui rappelait la sépulture des seigneurs. Elle a fait place à deux belles peintures de Ste Agathe à droite et de St Vincent, patron des vignerons à gauche. Tout est en pierre, hors la table des crédences qui est en bois. Les autels de la Ste Vierge et de St Nicolas sont également de 1787 et tous les ornements en plâtre. L'ordre ionique les fait reconnaître par les chapiteaux des deux pilastres crénelés qui portent le couronnement présentant une gloire terminée par une croix. Deux consoles avec un rinceau d'olivier flanquent les dits pilastres. Les autels, en brique, recouvert en devant par une pièce de marbre, étaient si étroits qu'on ne pouvait y dire la messe. La longueur de ces autels était de 1m62.

 

             Aucun de ces trois autels n'est fixe. Ils ont chacun une pierre d'autel ordinaire.

 

             Les petits autels de l'Enfant Jésus et de St Joseph, à gauche et à droite du Christ, n'ont pas de pierre consacrée.

 

             L'ancien autel de St Nicolas a fait place depuis à l'autel du Sacré Cœur de Jésus, don de la famille Abelé. Quant à celui de la Ste Vierge en pierre sculptée, la donatrice en est Madame Sénart.

 

             Le tabernacle détruit, on le remplace par un autre en bois, c'est peut-être l'ancien. Il est orné de six colonnes torses, une petite statue de N.S.J.C. en orne la porte ainsi qu'une tête d'ange au-dessus et une autre dans la frise. Les panneaux des côtés ont aussi leurs figures d'anges. Le tout est doré ainsi qu'une statue de Notre-Seigneur placée sur un globe avec deux anges qui forment la niche d'exposition. Cela ne fait pas un mauvais effet un jour de fête.

 

             LES STALLES : de la première colonne près de l'autel à la seconde, il y avait autrefois un siège pour le prêtre et un banc de chaque côté pour les seigneurs. L'une et l'autre stalle adaptée à la première colonne restent ce qu'elles étaient ainsi que les bancs des seigneurs. Ils avaient fait orner en 1787 la devanture de leur banc d'écussons et de garniture rouge. Les sièges des chantres et des enfants de chœur étaient aussi de cette couleur. Le tout a disparu.

 

             Trois stalles de chaque côté, simples et sans ornements étaient autrefois placées dans le bas du chœur, vis à vis de l'autel, afin de ne pas porter ombrage aux seigneurs. Elles sont encore en bas du même chœur, mais vis à vis l'une de l'autre.

 

             Les stalles des prêtres sont plus distinguées. Elles sont surmontées d'une boiserie qui embrasse la colonne à demi. Sur cette partie convexe se trouve un écusson ovale entouré d'une branche d'olivier dont les feuilles sont verticillées serrées et espacées et retenues en haut par un cordon qui se termine en bas par deux glands. Le cercle de l'écusson est en relief, le fond mat et ponctué au milieu duquel paraissent aussi en relief les lettres enlacées à droite S et J et à gauche D et L. Sous sa corniche il y a une grosse feuille d'où part à droite et à gauche une branche feuillée. Sous celle du prie-Dieu, d'une autre feuille naît un rameau d'olivier avec fruits qui s'étend des deux côtés. Du haut en bas des angles, vous voyez une chaîne d'anneaux pour ornement.

 

             LA CHAIRE A PRECHER : Les révolutionnaires se sont servis de la chaire comme d'une tribune et l'on laissée telle qu'ils l'avaient trouvée. Le damas rouge dont elle était bordée y est encore. Elle n'a rien de remarquable. Elle est à gauche, adossée à la dernière colonne avec un escalier tournant.

 

             L'ORGUE : l'ancien orgue à tuyaux de 8 jeux était construit au-dessus de l'entrée de la nouvelle sacristie (côté chapelle de la Ste Vierge). Il fût totalement détruit par un obus en 1918 lors de la grande tourmente.

 

             LES FONDS BAPTISMAUX : Ils sont placés dans le fond de l'église et étaient entourés d'une cloison en bois de même forme de l'un et l'autre côté du nord. Le vase de l'eau baptismale n'offre rien de bien particulier sauf sa sculpture et celle de son couvercle en bois. Un beau vestiaire où étaient remisées les chapes se trouvait également dans les fonds.

 

             LE CONFESSIONNAL : l'autorité ecclésiastique ayant exigé qu'il y ait un confessionnal dans chaque église, on en fit un neuf à Ludes. Il est en bois blanc avec monture de chêne. Il présente au milieu de sa porte, une ouverture où les lettres S et JB sont sculptées entre des feuilles linéaires.

 

             LE LUTRIN : Le lutrin ou porte livre, quoique grossièrement sculpté dans le milieu de son fût, a trois pieds formés de dauphins la tête en bas et terminé par une boule sur laquelle se cramponne un aigle assez bien fait.

 

             ARMOIRIES : Les gros piliers "romans" de notre église, grossièrement badigeonnés à la chaux, laissaient entrevoir de place en place, des armoiries seigneuriales. C'est ainsi que l'écu peint, petit transept nord et à gauche de la porte d'entrée, représente les armes des marquis de Louvois, seigneurs en partie de Ludes à dater de l'an 1688.

 

             De même dans l'allée nord, prêt des fonds baptismaux, et à droite de la grande porte sous l'orgue, figurent les écussons de la famille Fillette appartenant à la bourgeoisie rémoise. D'autres écussons de la même famille étaient visibles avant la restauration qui eut lieu en 1994. Ils ont été recouverts et ainsi protégés pour une restauration future.

 

             EPITAPHES ET INSCRIPTIONS : Deux seules inscriptions nous restent dans l'église de Ludes et ce n'est pas la faute des maçons et d'autres personnes plus haut placées, si on peut encore les déchiffrer. Une troisième épitaphe se trouve scellée au mur de droite sous le porche du clocher.

 

             La plus ancienne se compose d'une pierre dans le haut de laquelle un crucifix a été gravé avec une bande perpendiculaire où ces mots sont creusés : "Deus propitius esto mihi". Cette pierre fait partie du mur nord, derrière la porte latérale. En voici l'inscription gothique littéralement rapportée : "Cy denat gist hnnête prsonne Messir Pierre Pierrelot natif d Sopy en sô - Vinat p et Chappelain de Ludes leque déceda le XIV° jor de janier MDCXI Priez Dieu p luy".

 

             L'autre se trouvait dans le tableau même de l'autel de St Nicolas. (Cet autel n’existe plus) Elle est transcrite ici avec son orthographe : "CY-gist honorable et discrète personne Mr Thibault Simon, prêtre et curé de Ludes et Doyen de Vesle Qui après avoir fait ses fonctions de curé l'espace de ... ans, mourut le 20 Août 1692 étant Chanoine de Ste Balsamie de Reims âgé de 72 ans. Il a fondé en cette église un obit de douze messes Savoir : deux solennelles aux fêtes de Sainte-Croix et dix autres messes basses de Sainte-Croix aux autres mois pendant l'année à perpétuité et pour en acquitter les charges, il a donné à "la fabrique" la somme de trois cent livres par contrat de constitution passé par devant Lallement notaire royal au dit Ludes et accepté par son successeur, les marguilliers et principaux de la communauté. « Requies cat in-pacé-Amen ».

                             

             Quatre pierres sépulcrales restent à même dans le pavage de l'église. Une en haut de la nef latérale du midi, où on n'y voit plus que deux ou trois lettres gothiques de la bordure et une jambe avec un bras, d'un corps qui y avait été superficiellement gravé.

 

             Une autre pierre près des marches de l'autel, côté droit, laisse aussi voir quelques lettres indéchiffrables.

 

              Une troisième sans écriture est placée au milieu du chœur.

 

             Enfin il y en avait une petite sans écrit aucun dans le haut de la grande nef. Elle est remontée de près de deux mètres sous le Christ, en bas du chœur.

 

             Quant à celle du porche du clocher, en voici la transcription :

CY-GIT

 

             Messire Didier Belhommet, qui après avoir gouverné pendant 25 ans comme un bon pasteur la paroisse de Cernay près Rheims, fût exilé pour sa foi, l'espace de 12 années et se chargea de cette paroisse de Ludes qu'il édifia pendant 13 ans par ses instructions, ses bonnes œuvres et la pratique constante de toutes les vertus pastorales.

 

             Il mourut le 11 septembre 1816, âgé de 78 ans et 4 mois. Ses neveux affligés lui ont fait poser cette épitaphe. Qu'il repose en paix.

 

             TABLEAUX ET STATUES : Les trois autels ont chacun leurs tableaux "vieux" : au grand autel "Le baptême de Notre Seigneur par St Jean Baptiste" y est peint. Outre ces personnages, vous distinguez trois autres personnes près de N.S. sur lequel descend le St Esprit sous forme de colombe, que couronne le Père Eternel entouré d'anges. (Sois dit en passant : pourquoi donc a-t-on masqué vers 1890 par un énorme tabernacle ce pieux tableau offert par les anciens vignerons et devant lequel ceux-ci ont si souvent prié ?)

 

             Celui de la Ste Vierge est très endommagé : il présente la Sainte Famille - Jésus est déjà grand - un ange se trouve sur un plan un peu plus élevé et deux autres dans le haut. (tableau disparu)

 

             Saint Nicolas avec trois enfants peint sur une mauvaise toile donne le nom à l'autel. Ce tableau, plus développé autrefois, retraçait une donation, est presque effacé. (tableau disparu)

 

             Monsieur Leroy de Reims et propriétaire à Ludes, a donné deux tableaux à notre église. Ils étaient placés en regard près des chapelles de la Ste Vierge et de St Nicolas.

 

L'un représente la Ste Famille en travail. La Vierge Marie coud, Jésus scie avec son père nourricier St Joseph, un ange leur apporte une grosse poutre. Sur celle que Joseph est entrain de couper se trouve une tige de lys en fleur et plusieurs outils. Deux anges couronnes en main ornent le haut du sujet qui a près de 2 mètres de hauteur sur 1m30 de large. (tableau disparu)

 

             Sur l'autre, le jeune Tobie, en rentrant chez son père, applique sur ses yeux le fiel de poisson que l'ange lui avait prescrit de conserver à cette fin. On voit le père Tobie et son épouse, une servante ainsi que l'ange. Chacun y a une attitude conforme à sa position. Le petit chien de l'Ecriture n'y est pas oublié. Ses caresses se font assez connaître. Ce tableau a près de 2 mètres de large sur 1 mètre de haut.

 

             L'abbé Desselle avait lui-même apporté deux tableaux en venant s'installer à Ludes en 1839. Tableaux venant dit-on du réfectoire du chapitre de Reims et qui, sans être de premier mérite, passaient pour bons. Ils tranchent sur le mur de la chapelle de la Ste Vierge.

 

             L'un nous montre la Cananéenne et le chien pour qui sont les miettes de la table du Maître. Elle demande la guérison de sa fille que Jésus lui accorde. Derrière Lui est Pierre et un autre apôtre dont on n'aperçoit que le buste. Cette toile a 1m40 sur 2m80 de hauteur. (tableau disparu)

 

             L'autre fait voir, quoique ce soit de nuit, mais la lampe est allumée, Judith, ayant coupé la tête d'Holopherne qu'elle jette dans un sac tenu par sa suivante. La confiance est peinte sur le visage de l'une et la frayeur sur celui de l'autre. Ce tableau, un peu plus large que l'autre, est de même hauteur. (tableau disparu)

 

             Au-dessus des crédences et des tableaux de St Vincent et de Ste Agathe, il y a encore celui de St Hubert, descendu de cheval et à genoux devant le crucifix que porte le cerf. Il est meilleur que celui de St Claude, son pendant. Ils ont au moins 1m de largeur sur 1m30 de hauteur. Sur le casque de St Hubert est écrit : peint par Sénart-1780. (tableau disparu)

 

             En face de la chaire vous avez un Christ dans un tableau.

 

             L'autel de la Ste Vierge avait une statue en bois peint en blanc avec tranches dorées. Elle pouvait avoir 0m80 de hauteur.

 

             Saint Joseph en bois très vermoulu, était bien fait et faisait honneur à la petite chapelle où l'on présentait le cierge à l'enfant qui venait d'être baptisé.

 

             En 1906, lors des inventaires, l'église de Ludes possédait bon nombre de statues dont :

 

             - Cinq statues de la Ste Vierge - une à son autel - une Vierge Mère au fronton du maître autel - une à la fenêtre Notre Dame de Lourdes - une portative pour les processions du 15 août et celle extérieur de Notre Dame à la Grappe.

 

             - une statue du Sacré Cœur de Jésus à son autel,

 

             - une statue de St Jean Baptiste, fronton du maître autel,

 

             - une statue de St François de Paul prêchant, fronton du maître autel,

 

             - une statue de St Joseph et de Ste Anne, chapelle de la Vierge,

 

             - une statue de St Paul et de Ste Cécile, chapelle du Sacré Cœur,

 

             - une statue de St Vincent, patron des vignerons,

 

             - une statue de St Eloi,

 

             - une statue de St Nicolas,

 

             - une statue de St Antoine de Padoue,

 

             - une statue de St Vincent de Paul.

 

             Depuis, grâce au zèle de monsieur l'abbé Delozanne et aux oboles de généreux donateurs, notre sanctuaire s'est encore enrichit des statues de Notre Dame de Lourdes, de Ste Jeanne d'Arc (réplique de celle de la cathédrale de Reims), de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, de St Jean Baptiste précurseur et de St Christophe, sauvegarde des voyageurs.

 

 

 

 

 

Ce retable du XVIè siècle, dédié à St Jean Baptiste, est installé dans l’église de Montbré qui elle est dédiée à St Remi. Ce retable proviendrait de l’église de Ludes … au cours d’un changement de retable au 17è siècle.